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Eau bleue & Eau verte : Cultiver l’avenir de nos vignes avec l’agroécologie.

L’agroécologie, c’est avant tout « faire avec la nature » plutôt que de lutter contre elle. Ce principe fondamental guide notre démarche au domaine, où nous cherchons à comprendre et à suivre les phénomènes naturels, qu’ils soient physiques ou biologiques, pour les intégrer au mieux dans notre gestion du vignoble.

L’eau et l’humus : des piliers de la vie de nos sols

La richesse d’un terroir ne se résume pas seulement à la qualité de son vin, mais aussi à la santé de son eau et de son humus. Cet humus, produit par la transformation de la biomasse grâce aux champignons, constitue une réserve stable de carbone et de nutriments essentiels pour nos vignes. Nous devons « cultiver » l’eau et l’humus afin de garantir un sol fertile et durable.

Comprendre et réguler le cycle de l’eau 

Pierre Gilbert l’a souligné : « La sécheresse hivernale 2023 qui a suivi celle de l’été 2022 a permis aux vignerons de constater des effets inattendus ! » En effet, avec 32 jours sans pluie, un record depuis l’hiver 1959, le manque d’eau est devenu un défi majeur. Cependant, il est possible de réguler en partie notre cycle de l’eau en collaborant étroitement avec le végétal. Trop souvent sous-estimé, le végétal est en réalité le principal régulateur du cycle de l’eau, tant à l’échelle de la planète que localement.

Même lorsqu’un anticyclone repousse les perturbations, l’air ne manque pas d’humidité. Le véritable enjeu est de transmettre cette humidité au sol. Prenons la photosynthèse, par exemple : ce processus par lequel les feuilles des plantes transforment le CO2 et l’eau en énergie génère également un effet de refroidissement qui crée de petits courants d’air verticaux. Sur une surface de 1 m² de feuilles, ces courants peuvent extraire jusqu’à 4 mm d’eau par jour, soit l’équivalent d’un gros orage tous les 10 jours !

L’alliance naturelle avec les champignons

Cette eau, une fois captée par les plantes, est redistribuée dans le sol par un réseau souterrain complexe de champignons, notamment le mycélium. Ce réseau unique régule la distribution de l’eau, assurant ainsi une alimentation continue et équilibrée des végétaux. En outre, une partie de cette humidité s’infiltre profondément dans le sol, contribuant à alimenter les aquifères et à préparer le sol à mieux absorber les futures précipitations.

Innovation pour préserver nos vignes

Conscient de ces enjeux, nous avons décidé d’aller encore plus loin. Ce 26 février 2023, nous avons installé des sondes Triscan, ainsi qu’un capteur de température à 50 cm au niveau des grappes. En partenariat avec Jean François Berthoumieu, physicien de l’atmosphère et directeur de l’ACMG, nous espérons mieux comprendre le phénomène des gelées printanières, un fléau pour nos récoltes. Cette démarche nous permettra également de piloter les phénomènes d’eau verte (circulant dans les végétaux et champignons) en complément de l’eau bleue (provenant de la pluie et de l’irrigation).

Un engagement pour un avenir durable

Le végétal attire l’eau, et c’est en travaillant main dans la main avec la nature que nous pourrons pérenniser notre terroir. Il est donc impératif de promouvoir une agriculture de conservation sous couvert végétal, de reforester là où cela est possible, et de verdir nos villes. Ensemble, cultivons l’avenir de nos vignes et préservons les ressources essentielles qui assurent la vitalité de notre terroir depuis plus de trois siècles.