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Eau bleue & Eau verte

Le principe de l’agroécologie est « de faire avec la nature » au lieu de lutter contre. Les scientifiques nous expliquent les phénomènes naturels, qu’ils soient physiques ou biologiques, puis nous proposent des solutions et des outils pour suivre ces phénomènes afin de pouvoir les piloter et les optimiser dans notre vignoble. 

La richesse d’un lieu est à la fois son eau et son humus, ce dernier est produit par la transformation de la biomasse grâce aux champignons.

Nous devons « cultiver » l’eau et l’humus qui est une réserve stable de carbone et de nutriments.

Comme Pierre Gilbert le précise : ” La sécheresse hivernale qui suit celle que nous avons subie cet été permet aux vignerons de constater des effets inattendus ! “ 


32 jours sans pluie, un record depuis l’hiver 1959. Le manque de pluie nous dépasse certes et est déterminant, mais il est possible de réguler en partie notre cycle de l’eau en faisant alliance avec le végétal.
Trop peu de gens comprennent que le régulateur principal du cycle de l’eau, sur la planète comme localement, c’est le végétal.

Régulation

“Même si un anticyclone repousse les perturbations, nous ne manquons pas d’humidité dans l’air. Le problème, c’est que cette humidité n’est pas transmise au sol.
Explications : Quand une feuille fait de la photosynthèse, elle fabrique de grosses molécules de glucose (sucre) à partir des petites molécules de l’air ( CO2) et eau essentiellement. C’est un processus « anabolique », par opposition au processus « catabolique » des animaux, qui casse de grosses molécules de sucre avec de l’oxygène pour extraire de l’énergie.
Constituer de la matière absorbe donc de l’énergie, et de la chaleur. La photosynthèse est ainsi endothermique : elle crée du froid. Quand une feuille fait de la photosynthèse, elle fabrique de grosses molécules de glucose à partir des petites molécules de l’air: cette eau extraite de l’air crée ainsi un petit effet d’aspiration. Cela donne naissance à un mini-courant d’air vertical, qui à l’échelle d’un bosquet peut aller jusqu’à 10km/h !
Sur une surface de 1 m2 de feuilles, c’est environ 10 000 m3 d’air qui vont circuler chaque heure, ce qui peut permettre à cette surface végétale d’extraire jusqu’à 4 mm d’eau par jour, soit l’équivalent d’un gros orage tous les 10 jours !
Que devient toute cette eau ? Après avoir coulé le long de la plante pour l’hydrater, elle va être partagée dans le sol aux plantes environnantes par les petits filaments du réseau de champignons. Le mycélium a de fait cette capacité unique à maintenir une pression osmotique constante dans les plantes avec lesquelles il est connecté. Autrement dit, il régule la distribution de l’eau aux végétaux.
Une partie de ce trop-plein d’humidité va descendre dans la terre pour alimenter les aquifères, la maintenir prête à absorber la pluie, de la même manière qu’une éponge humide absorbe l’eau plus vite. In fine, c’est cette eau qui fera jaillir les sources.”

Innovation et solution

Certes, en hiver la photosynthèse est moindre, tout comme le mécanisme de condensation de l’humidité, mais le couvert végétal permanent de nos vignes permet de capter par infiltration beaucoup plus d’eau que sur les sols nus : désherbés mécaniquement ou chimiquement.


Ce lundi 26 février 2023, nous posons des sondes Triscan plus un capteur de température air libre à 50 cm (au niveau des grappes). 

Ce partenariat avec Jean François Berthoumieu, physicien de l’atmosphère, directeur de l’ACMG va nous permettre de mieux comprendre le gel de printemps, fléau qui détruit nos raisins régulièrement. Et surtout cela va nous aider à piloter ces phénomènes de productions d’eau verte (qui circule dans les végétaux et les champignons) complémentaire à l’eau bleu (pluie et irrigation pour certaines cultures).


Le végétal attire l’eau. Il faut d’urgence passer à une agriculture de conservation sous couvert végétal, reforester là où c’est possible, et verdir les villes.